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< Retour aux actualitésPorc basque : ça sent l'AOC
Hier, les éleveurs de porcs basques n'affichaient pas ce sourire et cette remarquable unité par hasard. Ils étaient venus dire pourquoi, et comment, se poursuit la belle histoire du Kintoa (race basque). Heureux d'annoncer que leurs efforts sont, depuis le 24 novembre, récompensés par le comité de l'Institut national de l'origine et de la qualité (Inao).
Celui-ci a en effet homologué les cahiers des charges de la filière. Et ce, à l'unanimité. Autrement dit : l'appellation d'origine contrôlée (AOC) Kintoa et l'AOC Jambon du Kintoa n'ont jamais été aussi proches de la validation. Après avoir reconnu en février l'aire géographique du Kintoa (i), forcément très basque, l'Inao approuve le principal : les moyens mis en oeuvre pour produire du porc de qualité.
Michel Oçafrain, maire de Banca et président de la filière porc basque, y voit un « pas décisif » dans l'obtention du fameux label AOC, qui « renforce la confiance du consommateur et protège le nom Kintoa ». De quoi renforcer l'activité, toujours pas concernée par les aides de la politique agricole commune (PAC). « Nous n'y tenons pas », indiquent les éleveurs, flers de leur autonomie.
Quatorze ans de travail
Désormais, la filiêre envisage raisonnablement de décrocher le sésame à la fin de 2016. Le fruit d'un travail de quatorze ans. Et d'une épopée porcine unique et bien plus longue. Tout commença avec l'idée d'un homme, l'éleveur Pierre Oteiza. Véritable figure de la vallée des Aldudes, il décida en 1989 de sauver la race basque. Vingt-six ans plus tard, le Kintoa est issu d'une chaîne de production particulièrement soignée et surveillée : travail en race pure, parcours de plein air, faible concentration des porcs sur les parcelles, alimentation sans OGM, etc.
Son exploitation regroupe aujourd'hui 80 adhérents et une centaine de salariés. En outre, l'activité annuelle du Kintoa « pèse » environ 3000 porcs charcutiers transformés, soit près de 300 tonnes. «La filière est ouverte, précise Michel Oçafrain. Si des éleveurs veulent nous rejoindre, ils sont les bienvenus. » Loin de décourager les candidats au Kintoa, en ce qu'elle réclame de procédures et de vérifications, la prochaine AOC doit les motiver à embrasser cette aventure fructueuse.
L'export se développe
Certes, le label n'est pas encore imprimé sur les emballages, fl faudra notamment franchir l'étape de la procédure nationale d'opposition (PNO), « certainement enclenchée dès la fin de cette année ».
En clair, si quelqu'un s'oppose à cette AOC, qu'il parle maintenant ou se taise à jamais, car on ne parle pas la bouche pleine. « Le gras donne du goût, confie l'éleveur Jean-Marie Oçafrain. Voilà pourquoi l'appellation impose une carcasse d'au moins 100 kilos. »
Au final, ces carcasses semblent plaire aux Européens, mais aussi aux gourmands de Tokyo ou de villes canadiennes. « Nous étudions actuellement nos possibilités d'export aux États-Unis, à Singapour, en Chine ou au Mexique », indique Claude Carniel, le directeur des Jambons Oteiza.
L'homme a fait les comptes : « 50 millions d'euros sont générés directement ou indirectement par la filière.» L'attrait pour le Kintoa n'est donc plus à démontrer. « Depuis 2014, 40 parcelles ont été créées pour le porc basque. Il y en aura 20 de plus en 2016 », annoncent les éleveurs.
(I ) 232 communes basques, dont 60 béarnaises et deux ou trois des Landes, au sud de Peyrehorade, entrent dans cette aire.