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< Retour aux actualitésPierre Oteiza : quand l'humilité n'empêche pas l'ambition
Les ânes patientent au soleil près des huttes de la maternité, les sabot trépignant d’impatience. Tout autour d’eux, de petits porcelets harcèlent leurs mères, criant leur faim. Les enfants s’impatientent en attendant de partir en balade sur le parcours pédagogique, à la « Découverte de l’élevage du porc basque ». Le sentier commence devant l’entreprise Pierre Oteiza puis s’éloigne vers la montagne. « Nous organisons pour les petits accompagnés de leurs parents, des balades à dos d’âne pour les enfants. Pour nos jeunes qui s’occupent de ces promenades, c’est une super école de commerce » confie fièrement Pierre Oteiza. « Ils s’en occupent très bien et grâce aux pourboires que leur donnent les clients, certains d’entre eux feront un voyage aux Etats-Unis pendant 15 jours sur les traces de leurs ancêtres ». L’Amérique n’est pas la seule destination dont rêvent les jeunes employés de la Maison Oteiza. Mais c’est le souhait de Pierre de pouvoir s’implanter sur le marché américain. « Le Canada et le Japon nous ont ouvert leurs portes, tandis que la Chine et les Etats-Unis sont favorables à l’idée d’accueillir nos produits".
Nous nous rendons sous peu à Chengdu pour négocier la possibilité de commercer vers ce pays ». Sa volonté d’expatrier des produits du Pays Basque et des Aldudes ne l’empêche pas de conserver une ligne directrice qui a fait la renommée de sa maison : « L’objectif et l’obligation que l’on doit avoir afin de conquérir de nouveaux marchés, c’est d’avoir des produits bien ciblés, de qualités, originaux et qui se démarquent ». Des objectifs clairs à l’origine des 15 % du chiffre d’affaires réalisés grâce aux exportations. Le fruit pour l’entreprise d’une longue et difficile ascension.
Fils d’agriculteur, Pierre Oteiza est éleveur, producteur et artisan-charcutier implanté dans son village natal des Aldudes. Un succès d’autant plus remarquable quand on connaît son parcours : « L’école n’a jamais été mon fort. J’ai fait un CAP de boucherie obtenu à Paris. Je suis parti de mon propre chef. Mon oncle était déjà à Paris. Quand on part d’ici, on se rend compte de la chance qu’on a, surtout à son retour ». La vie et le destin l’ont conduit à s’occuper de la ferme familiale : « Je l’ai reprise en février 1975 car mon père est tombé malade. J’ai donc été exempté, pour soutien familial, du service militaire obligatoire. J’étais le dernier de la famille. Ce n’était pas possible de laisser tomber la ferme familiale ». Deux ans entier à la ferme, puis Pierre part travailler à l’abattoir de Saint-Jean-Pied-de-Port et chez le charcutier de Baigorri sept ans en tant que salarié et cinq en tant qu’associé. « A 25 ans, j’ai eu un déclic. J’avais l’impression de faire 1000 métiers en même temps. Je partais à 4h du matin et revenais à la ferme à 22 h » raconte-il, le regard noir.
En 1987, il décide de créer avec son épouse Catherine son entreprise appelée «Gastronomie de la Vallée des Aldudes» dont l’objectif est de travailler avec les producteurs locaux. « Le premier atelier s’est ouvert en 1987 sur les terres de la ferme qui compte 13 hectares. Au début, il n’y avait que trois salariés et zéro client. Nous avons d’abord commercialisé du porc blanc puis par la suite du porc de race basque ». En 1989, il se rend au Salon de l’Agriculture à Paris. « C’est là-bas que j’ai découvert le porc pie noir du Pays Basque. Il restait seulement six races de porc dont le porc basque dans des parcs animaliers ou des zoos, avec seulement 30 bêtes. Je me suis dit que ce porc serait mieux aux Aldudes qu’à Paris. De retour, on a monté une association avec une dizaine d’éleveurs afin de sauver cette race du Pays Basque ». Avec l’aide de l’ITP, l’Institut du porc (l’IFIP actuel), Pierre Oteiza et des producteurs passionnés parviennent à relancer cette race locale. Aujourd’hui le cheptel représente 7 000 têtes et la Filière porc basque compte environ 80 producteurs.
2014, l’année de l’innovation
A ce jour, Pierre Oteiza propose ses produits dans ses dix boutiques et sur internet. De Capbreton à Ainhoa, en passant par Bayonne, Bordeaux et Paris, les produits de la SARL Oteiza ne cessent de régaler les papilles. « L’entreprise a grandi même si pendant 17 ans les banquiers m’ont tiré les quatre oreilles que je n’avais pas. 28 ans après, elle compte une soixantaine d’employés, avec des boutiques à Biarritz, Saint-Jean-de-Luz, Paris... » Mais celle qui marche le mieux, et ce n’est pas ce que l’on pourrait penser en premier, c’est la boutique des Aldudes. La clef du succès de ces officines et de la maison Oteiza trouve son origine il y a 20 ans. « Ce qui nous a permis de faire connaître la Maison, c’est notre buffet réalisé à Lillehammer, lors des Jeux olympiques d’hiver de 1994. Quelques mois auparavant, j’ai reçu un coup de téléphone tard le soir. On m’a demandé si ça m’intéressait d’assurer le buffet en Norvège. J’ai dit oui et depuis notre notoriété s’est développée ». Une success story connue de tous au Pays Basque, en France et bientôt dans le monde entier. Mais quand on demande à cette figure basque, qu’elle est sa plus belle réussite, le regard noir fait place a un sourire venu du fond du coeur : « Ma plus belle réussite ? C’est de se retrouver là aujourd’hui. Mais c’est aussi que des mondes différents se retrouvent autour d’un produit ici aux Aldudes et ailleurs ». Des innovations seront présentes dans les étalages des boutiques en septembre 2014 : « Des produits du pays feront partie des ingrédients de ces nouveautés, comme le piment d’Espelette, le vin d’Irouléguy et l’Izarra. Ces nouveaux produits seront à découvrir dans nos boutiques d’ici peu ».
Contact
Pierre Oteiza 64430 Les Aldudes, tél. 05 59 37 56 11
contact@pierreoteiza.com
Boutique en ligne :
www.pierreoteiza.com