La presse en parle
< Retour aux actualitésLa politique du banquet
A la nuit tombée, on se donne le numéro de la chambre à voix basse. On l'appelle "la chambre du cholestérol". C'est une tradition lors des déplacements du Tournoi des Six Nations. La Fédération réserve dans l'hôtel où séjournent joueurs, dirigeants et partenaires, une suite dans laquelle un traiteur et un orchestre basque tiennent buffet presque 24 heures sur 24. Se croisent alors, au gré des chants pyrénéeens, des joueurs du quinze de France, des PDG, des responsables marketing, des DRH des sociétés partenaires de la Fédération qui reprennent en choeur des airs souletins ou discutent autour d'un verre de bordeaux.
Pour le match à Londres, le 23 février dernier, exceptionnellement, "la chambre du cholestérol" ne se trouvait pas à l'hôtel des joueurs, mais cela n'enlevait rien à l'ambiance. Assis dans un coin de la pièce, Denis Baudouin, alors directeur marketing de BMW et désormais nommé à la direction en Hongrie, montre des photos prises avec son smartphone du banquet du match Italie-France, à Rome, organisé dans la magnifique galerie marbrée du Cardinal, au coeur du Palazzo Colonna, et auquel avaient été conviés les grands partenaires de la Fédération. Une tradition du Tournoi qui inscrit ce sport dans des convenances qui tranchent avec la modernité globalisée du sport contemporain. On a le sentiment d'appartenir à une histoire particulière. "Les deux capitaines ont fait un discours avec beaucoup de fond, explique Denis Baudouin. A la fin, peu importe qui avait gagné ou perdu, le rugby a conservé ses valeurs, là, c'est aujourd'hui de plus en plus rare." "Les sponsors ont l'impression d'être des élus, ils sont fascinés, raconte un spécialiste du monde politico-sportif qui souhaite rester anonyme. Aimer le rugby c'es avoir de la différenciation et de la reconnaissance."