La presse en parle
< Retour aux actualitésIls tentent l'aventure internationale
A l'appel du grans large et de l'aventure, difficile de résister. Chercheurs d'or, conquistadors et autres Christophe Colomb peuvent l'attester : l'herbe est toujours plus verte ailleurs, surtout en temps de crise. Et bien que les pâturages du Pays Basque soient réputés pour leur belle couleur émeraude, de plus en plus d'entreprises de la région sont tentées par d'autres alpages : ceux de l'exportation. Que ce soit pour s'ouvrir vers de nouveaux marchés, ou simplement pour donner un nouveau souffle à leurs sociétés, ces Don quichotte des temps modernes parient sur leur production locale à l'international.
Et les comptes parlent d'eux-mêmes : entre 2009 et 2011, le chiffre d'affaires des entreprises basques (qui ont leur siège au Pays Basque, NDLR) exportatrices a augmenté de 12%. Alors choix vital ou risque superflu?
Un mouvement naturel
Des résultats qui convainquent en tout cas maints chefs d'entreprises. Ils sont "de plus en plus nombreux à exporter", même s'il est difficile d'effectuer un recensement complet, décrit le conseiller de la CCI. D'autant que ce choix se fait presque naturellement. "Des personnes extérieures étaient intéressées et nous ont contactés directement. Donc on a commencé à exporter petit à petit, et maintenant on essaie de structurer notre démarche", raconte simplement André Elustondo, PDG de l'entreprise de tissus Jean Vier. Une stratégie opportuniste qui se vérifie aussi du côté de l'agroalimentaire basque.
"Nous avons eu la chance de rencontrer des clients qui nous ont ouverts à cette possibilité", explique Pierre Oteiza. Lui, il a choisi de vendre ses jambons et charcuteries il y a cinq ans. Destination numéro un : le Japon. Mais aussi Hong Kong, le Canada, et prochainement l'Australie et la Chine. Un chiffre d'affaires à l'export de 15% soit cinq à six palettes de produits envoyés chaque semaine à l'étranger.
Une emprise locale
Mais si ses jambons s'exportent, la production, elle, reste en France. "Si on est parti à l'export, c'est parce qu'on a une clientèle ici", insiste Pierre Oteiza. Une identité régionale, artisanale, parfois synonyme de ventes inernationales. "Ce qui fait plaisir, c'est justement de voir que ce que nous faisons est recherché à l'autre bout du monde", se félicite le chef d'entreprise. Un ancrage local qui, contrairement à ce que laissent penser les délocalisations en série de ces dernières années, peut être un avantage : "Avoir une identité forte, c'est un atout sur le marché mondial. Cela permet d'avoir une stratégie marketing forte" explique Guillaume Dalies. Une étiquette "made in Pays Basque", qui peut même permettre de sortir son épingle du jeu.
La réponse à la crise ?
Grosses ambitions et belles promesses. Mais le chemin vers la réussite à l'exportation est semé d'embûches : "Exporter, ça se mérite. Il faut avoir l'envie et investir. C'est déjà difficile de vendre à Paris, alors à 8 000 km... D'autant qu'il y a une différence de culture quil ne faut pas sous-estimer." Et le réseau est long à se construire. On oublie souvent le facteur temps", explique le consultant de Frasian.
Pourtant, l'exportation a bien des avantages : elle permet de s'ouvrir à de nouveaux marchés (et à leurs recettes), et surtout de compenser les pertes éventuelles de l'entreprise. Une alternative qui est même sous-exploitée, selon Pierre Oteiza : "Dans tous les pays du monde, il y a les Italiens et les Espagnols, mais les Français ne sont nulle part.". Pour preuve, les chiffres : 95 000 jambons de Bayonne exportés en 2012 pour 9 millions de chiffre d'affaires, contre 520 000 jambons de Parme vendus juste aux Etats-Unis, pour un chiffre d'affaires de 45 millions d'euros. La conquête de l'exportation est encore longue.
Pierre Oteiza exporte ses jambons et ses produits de la Vallée des Aldudes depuis cinq ans.