La presse en parle
< Retour aux actualitésA la santé du Kintoa
Le porc basque cache bien son jeu. Derrière son air débonnaire, il affiche un beau dynamisme. Quasiment disparu à la fin des années quatre-vingt, où demeurait seulement une vingtaine de truies, la race s'est refait une santé. Sous l'impulsion de quelques pionniers établis dans la vallée des Aldudes, elle et aujour'hui en plein développement. Après une dernière vague de recrutement d'éleveurs naisseurs en 2011, la filière est de nouveau en quête de producteurs. Des engraisseurs principalement.
Filière structurée
Grâce à son image séduisant d'élevage en plein air et à son goût si délicat, le porc basque bénéficie désormais d'une incontestable notoriété. Les gourmets se l'arrachent. Mais derrière la carte postale, la production demeure obscure. Sorti de sa confidentielle vallée, l'élevage de porcs basques semble bien inaccessible. Pourtant, ce n'est pas le cas. En creusant un peu la question, les possibilités de cette production, qui nécessite peu d'investissement et une charge de travail maîtrisée, apparaissent très vite.
Le démarrage de la production peut s'avérer facile et rapide. Bien sûr, l'aménagement des parcours constitue la base de l'atelier. "L'idéal est de démarrer avec au moins trois parcs d'un hectare environ afin de réaliser des mises en place décalées. Il peut s'agir de parcelles boisées ou de prairies. Le mieux étant un mélange des deux", précise Pierre-Yves Pollet, l'animateur de l'association pour le développement de la filière. Pour un parc d'engraissement de 35 porcs, les investissements se cantonnent à une cabane, élément essentiel pour la conduite des animaux, une dalle de béton qui fait office d'aire d'alimentation et de contention, une adduction d'eau et des clôtures. En outre, ces investissements peuvent être subventionnés . En rythme de croisière, l'alimentation constitue le principal poste de charge. Il faut amener les porcelets de 30 kg à des porcs de 140 kg, pour un âge compris entre 12 et 14 mois environ.
Bien sûr, les animaux trouvent dans la nature les compléments à cette alimentation qui rendent sa saveur si inimitable.
A l'image des autres filières animales, l'envolée des cours des matières premières a un impact sensible sur les charges des éleveurs. Pour faire face à cette problématique, ces derniers ont pris le parti de se regrouper afin de lancer des appels d'offres. Ainsi, la fourniture d'aliments est négociée à des tarifs fixes sur des périodes allant de six mois à un an. visibilité et sécurité sont à la clé.
Au quotidien, l'alimentation représente également la principale tâche journalière pour l'éleveur. Une surveillance limitée reste nécessaire. De plus, cette production est relativement épargnée par les problèmes sanitaires. "Si l'installation est commode, il faut compter un peu plus d'une heure de travail pour trois parcs", indique le technicien de la filière. En clair, l'élevage de porcs basques peut être parfaitement complémentaire d'autres ateliers.
Depuis un dizaine d'années, la filière s'est solidement structurée. Un cahier des charges a été élaboré. Il devrait être concrétisé par l'obtention de l'AOC Kintoa, du nom du Pays-Quint, terme dont l'origine remonte au Royaume de Navarre et qui désigne ce vaste territoire de montagne, couvert de forêt, réputé pour l'élevage de porcs. Portée par les éleveurs qui avaient intégré le programme de sauvegarde de la race, la filière a les reins suffisamment solides pour franchir un nouveau palier. Le débouché est assuré. Un plan de développement a été imaginé il y a quatre ans. L'objectif était alors de doubler la production. L'association a beaucoup travaillé avec les éleveurs naisseurs, le premier maillon de la chaîne. Une première vague de producteurs a été recrutée.
Reste désormais à inciter la mise en place de nouveaux ateliers d'engraissement en plein air. "On cherche à recruter une dizaine de producteurs sur le territoire couvert par le cahier des charges, à savoir le Pays basque et les cantons limitrophes du Béarn", indique Pierre-Yves Pollet. Dans cette perspective, les responsables de la filière proposent prochainement quatre rendez-vous chez des éleveurs pour informer d'éventuels candidats.